Thomas Garnier
Cénotaphes - Installation - 2018
présentée dans le cadre de l'exposition Panorama 20
Installation
Un phénomène global se présente à vous.
Aux quatre coins du monde poussent bâtiments, quartiers ou villes entières, construits à une vitesse ahurissante. Ces bâtiments et lieux n’ont aucune particularité commune, ils ne remplissent aucune fonction et sont abandonnés à la fin ou au moment même de leur érection.
Ces bâtiments passent directement du chantier à la ruine, leur durée de vie si faible leur vaut plusieurs noms tels que « ghost cities », « tofu buildings » ou tout simplement « ruines instantanées ».
Dans un futur proche ce phénomène gagne en ampleur. L’aboutissement d’une nouvelle technique de construction de plus en plus rapide (dérivée de l’impression 3D à grande échelle) et de la standardisation automatique des éléments répétitifs de construction conduit à une nouvelle façon radicale d’envisager la ville, si on peut encore l’appeler ainsi. L’automatisme et le remodèlement continu de celle-ci basés sur le principe de spéculation immobilière, la ville produit, assemble, désassemble, réassemble en continu des éléments architecturaux en béton tramé.
Observables depuis l’atmosphère, on voit que certains tronçons de cette ville infinie commencent à se transformer. Cette dernière désertée depuis sa première heure n’a jamais fait semblant d’avoir une quelconque utilité, elle existe simplement comme un remplissage invasif et esthétique du monde. Cette anti-architecture n’est rien de plus que la promesse d’une fonction, d’une occupation qui ne se réalisera jamais, de la rencontre d’une illusion et d’un flux, de la manipulation d’une nappe abstraite qui nous recouvre tous.
Cénotaphes propose d’illustrer ce songe d’un urbanisme par une installation mécanisée qui assemble et désassemble en continu des éléments sculpturaux en béton.
Ce Sisyphe automatisé est accompagné d’un système vidéo qui filme en temps réel l’intérieur de la construction et recompose un travelling infini à l’intérieur des entrailles de cette ville chimérique.
Thomas Garnier
Thomas Garnier est un artiste contemporain et visuel venant du monde de l’architecture. Diplômé d’État en 2016, il suit depuis la formation complémentaire du Fresnoy - Studio national des arts contemporains.
Son travail est souvent classifié comme faisant partie d’un renouveau d’une forme de romantisme post-digital. Ses travaux interrogent l’essence du local, de l’histoire, de la mémoire dans l’établissement progressif d’un monde globalisé et désensibilisé. Sa pratique s’apparente à celle d’un artiste/chercheur ou d’un hétérotopologue, tel que le définit Foucault dans son texte « les espaces autres ».
Production
Remerciements
Alain Fleischer, Éric Prigent, François Bonenfant, Julien Maire, Barbara Merlier, Luc-Jérôme Bailleul, Madeleine Van Doren, Daniel Dobbels, Nicolas Guichard, Stanislav Mercier Kurakin, Zeng Ye et le pôle Installations du Fresnoy.