Ana Vaz

Entre temps - Film - 2012

présenté dans le cadre de l'exposition Panorama 14

Film


Les villes, comme les rêves, sont faites de désirs et de peurs, même si le fil de leur discours est secret, leurs règles absurdes, leurs perspectives trompeuses... Les villes aussi se croient l'œuvre de l'esprit ou du hasard, mais ni l'un ni l'autre ne suffisent pour faire tenir debout leurs murs. Tu ne jouis pas d'une ville à cause de ses sept ou soixante-dix merveilles ; mais de la réponse qu'elle apporte à tes questions. Ou de la question qu'elle te pose, t'obligeant à répondre, comme Thèbes par la bouche du Sphinx. – Les villes invisibles. Italo Calvino. 1972 Expression artistique moderne par excellence et support le plus représentatif de l'essor de la modernité, le cinéma a été à la fois témoin et complice des crises et des bouleversements incessants du siècle dernier ; une époque caractérisée par de grands projets socioéconomiques fondés sur un idéal de modernisation et sur une refonte totale de la tradition et de la civilisation. Les hypothèses, les contradictions et les illusions de cet idéal se sont incarnées dans la structure et la matérialité de notre architecture et de nos objets culturels. Chaque expression moderne de gouvernement, d'institution sociale et de technologie est un palimpseste caractérisé par des luttes de pouvoir entre différentes factions, classes, générations, cultures, traditions et mouvements, qui sont nées de la confrontation entre les grandes idéologies. Une époque de grandes inventions, de grands projets, mais aussi une ère susceptible de s'effondrer, théâtre de maintes expériences, corruptions mutations, déformations, subversions, échecs, renaissances et représailles. Entre Temps est un film qui a été construit sur les décombres d'un autre. Conçu comme un documentaire sur les ZUP françaises, le film prend finalement la forme d'un affrontement poétique et grandiose avec la psychogéographie d'une Europe contemporaine en crise. Le film est une méditation et une rêverie sur une ville à la fois réelle et imaginaire ; il évoque le mythe du Sphinx pour étudier les rêves balbutiants d'une époque idéaliste et leur influence déclinante, source de désenchantement pour une génération déplacée cherchant à se construire. Alifeleti Toki Brown

Ana Vaz


Ana Vaz est une artiste et cinéaste née dans le Midwest brésilien habité par les fantômes enfouis par sa capitale moderniste : Brasília. Sa filmographie provoque et questionne le cinéma en tant qu'art de l'(in)visible et instrument capable de transformer la perception de l'humain, élargissant les connexions avec des formes de vie autres qu'humaines ou spectrales. Conséquences ou expansion de sa cinématographie, ses activités artistiques s'incarnent également dans l'écriture, la pédagogie critique, les installations ou les démarches collectives. Ses films ont été présentés à travers le monde, aussi bien dans des festivals de cinéma que dans des lieux d'exposition.

Elle est lauréate du Kazuko Trust Award (Film Society Lincoln Center) ainsi que du Robert E. Fulton Fellowship de l'université de Harvard. Ses films ont été primés au Cinéma du Réel (Há Terra!, 2016), à Punto de Vista (Apiyemiyekî?, 2019), au Media City et Frontier (Occidente, 2014). Ses œuvres font partie des collections du Cnap (Centre national des arts plastiques), de Kadist, du Frac Bretagne et de la Pinacoteca de São Paulo. En 2024-25, elle est pensionnaire à la Villa Médicis.

Production


Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains, Tourcoing

Remerciements


Cláudia Pereira, François Bonenfant, Mathias Bouffier, Tatiana Fuentes, Pauline Delwaulle, Virginie Marechal, Alifeleti Toki Brown, Kareena Horsman.