Elliot Eugénie
Liesse - Film - 10min - 2021
présenté dans le cadre de l'exposition Panorama 23
Film
Le jour de l’éclipse solaire approche, et la grisaille vient gâcher l’événement. Après une nuit de fête, trois amis s’endorment au bord de l’eau. Alors que l’éclipse apparaît dans leurs rêves, un souffle de joie traverse le pays. Une nouvelle fête commence. Lorsqu’en 1999, chacun attendait l’éclipse, de nombreuses personnes la manquèrent en raison des variations météorologiques. Mais quand cette vision apparaît, c’est un pays entier qui se lève et crie devant la puissance de cet événement. L’éclipse est un personnage fédérateur. Éphémère et souveraine devant les habitants ébahis, elle fait disparaître leurs problèmes dans cet instant euphorique. La liesse émerge. Au-delà du spectacle, cet événement interroge la réaction unilatérale de la population, formant une énergie collective sans fondement. Comme un pouvoir réunissant des millions de personnes autour du même geste irrationnel et dangereux : regarder droit vers le soleil, lui qui d’ordinaire impose de baisser le regard pour ne pas se brûler les yeux. Ce n’est pas seulement la lune qui s’en empare ici, ce sont les spectateurs qui le défient, comme le seul moment de leur vie où ils peuvent lui faire face. Bien plus qu’un spectacle magnifique, c’est un instant sur terre où il est symboliquement permis de braver le soleil. Ce film décrit les heures d’attente avant l’éclipse, un après-midi grisâtre et brumeux.
Elliot Eugénie
Né en 1994, Elliot Eugénie commence ses recherches cinématographiques à l’École supérieure des beaux-arts de Nantes-Saint-Nazaire et les poursuit au Fresnoy – Studio national des arts contemporains (2019-2021). Il met en scène dans son travail des échappatoires face à des formes de dégradations (sociales, environnementales…) et s’intéresse à la genèse des événements unificateurs et l’émergence d’utopies. À travers une exploration sensorielle de la narration, il développe la vision d’un monde lointain et suspendu, oscillant entre réalisme et temps parallèle. Les récits, construits dans les gestes, les atmosphères et la musique, extrapolent le quotidien pour en extraire l’intensité, formant une mosaïque sensible et effervescente.