
Artiste-professeur invité
2025 - 2026
Mounir Fatmi
Né en 1970 à Tanger (Maroc)
Mounir Fatmi est né à Tanger, au Maroc, en 1970. À l'âge de quatre ans, sa famille déménage à Casablanca. À dix-sept ans, il part à Rome où il s'inscrit à l'école libre de nu et de gravure de l'Académie des beaux-arts, puis à l'école des beaux-arts de Casablanca et finalement à la Rijksakademie à Amsterdam.
Son enfance passée dans le marché aux puces de Casabarata, un quartier populaire de Tanger, constitue une source fondatrice de son imaginaire. Il y découvre, parmi les déchets et les objets en fin de vie, une première forme de musée : un musée de l'éphémère et de la ruine. Cette vision a également valeur de métaphore et exprime les aspects essentiels de son travail. Influencé par l'idée de médias morts et par l'effondrement de la civilisation industrielle et consumériste, il développe une réflexion sur le statut de l'œuvre d'art entre archive et archéologie.
Il utilise des matériaux obsolètes tels que les câbles d'antenne, les anciennes machines à écrire ou les cassettes VHS, et travaille sur la notion d'une archéologie expérimentale en examinant le rôle de l'artiste au sein d'une société en crise. Il joue des codes et des préceptes de cette dernière sous le prisme de la trinité Langage, Architecture et Machine. Il interroge ainsi les limites de la mémoire, du langage et de la communication, tout en réfléchissant sur les matériaux en cours d'obsolescence et à leurs avenirs incertains.
La recherche artistique de Mounir Fatmi constitue une pensée sur l'histoire des technologies et leurs influences dans la culture populaire. Il faut voir ainsi dans ses œuvres de futures archives de médias en construction. Bien qu'ils marquent des moments clés de notre histoire contemporaine, ces matériaux techniques remettent également en question le transfert de connaissances, le pouvoir suggestif des images et critiquent les mécanismes illusoires qui nous lient à la technologie et aux idéologies.
Depuis 2000, Mounir Fatmi a exposé dans des institutions majeures telles que la Biennale de Venise, le Centre Pompidou, Paris, le Musée Picasso, Vallauris, Brooklyn Museum, New York, Victoria & Albert Museum, Londres et le Mori Art Museum, Tokyo. Il a reçu plusieurs prix dont le Uriöt prize, à Amsterdam, le Grand Prix Léopold Sédar Senghor de la 7e Biennale de Dakar en 2006, le prix de la Biennale du Caire, en 2010, ainsi que le Silver Plane Prize de la Biennale de l'Altai, à Moscou en 2020.
Pendant son séjour au Fresnoy, Mounir Fatmi réalisera un projet vidéo expérimental, poursuivant sa réflexion sur l'effacement progressif des supports et des récits. Cette vidéo interrogera la mémoire technologique à travers une écriture fragmentaire et un langage visuel inspiré à la fois de la science-fiction et de l'essai documentaire. Entre artefact et fiction critique, ce projet abordera spécialement la question de l'image, de son pouvoir et de ses fantômes.